Les rythmes de l'enfant



L'argumentaire présenté au conseil d'école pour la mise en œuvre de la réforme à l’aune des connaissances des ergonomes, médecins, pedopsychiatres, psychologues, pedagogues
parents d’élèves – Ecole Las peyras, Rabastens

7 avril 2013 – revue de la littérature + prise en compte des critères structurels locaux

« L’enfant présente des rythmes de performance intellectuelle au cours de la journée scolaire » (Testu et al., rapport INSERM, p. 94)

« L’aménagement du temps constitue l’un des moyens de lutte contre l’échec scolaire »
(idem. p. 68)

Les recommandations des chercheurs :
- Respecter les besoins en sommeil et le rythme veille-sommeil de l'enfant, qui évoluent au cours de la croissance. Tant à l'école qu'à la maison, le rythme des parents et les horaires des programmes télévisés ne doivent pas servir de référence à l'heure de coucher des enfants (6–12 ans)
- Planifier de manière cohérente le temps scolaire en prenant en compte les besoins et les rythmes de l'enfant et de l'adolescent. Par exemple retarder l'heure d'entrée en classe des adolescents qui ont une tendance naturelle (physiologique) aux levers plus tardifs
- Proposer un aménagement de la semaine scolaire qui ne perturbe pas le rythme intellectuel journalier de chaque enfant
Source : expertise collective interdisciplinaire de l’INSERM – Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale

Lettre du ministre aux Maires

La réforme des rythmes scolaires vise à mieux répartir les heures de classe sur la semaine, à alléger la journée de classe et à programmer les enseignements à des moments où la faculté de concentration des élèves est la plus grande. Un décret, publié le 26 janvier 2013, précise le cadre réglementaire national de la nouvelle organisation du temps scolaire, à l'intérieur duquel des adaptations locales seront possibles.
Source : site du ministère : http://www.education.gouv.fr/pid29074/rythmes-scolaires.html

Les parents délégués ont utilisé pour leur réflexion différentes publications de spécialistes de chronobiologie et d’ergonomie Montagner, Testu, Devolvé, des spécialistes de l’académie de médecine comme Touitou ou Degué mais aussi des spécialistes de l’éducation puisque nous avons aussi recherché des informations sur les sites de différentes académies – Limoges, Rennes.
Nous citerons ici entre autres :
- Le rapport de l’expertise collective de l’INSERM « Ryhtmes de l’enfant : de l’horloge biologique aux rythmes scolaires »
Cet ouvrage présente les travaux du groupe d’experts réunis par l’INSERM dans le cadre de la procédure d’expertise collective, pour répondre aux questions posées par la CANAM (Caisse nationale d’assurance maladie des professions indépendantes) concernant les rythmes biologiques de l’enfant.
Il s’appuie sur les données scientifiques disponibles en date du premier semestre 2000. Plus de 600 articles et documents ont constitué la base documentaire de cette expertise. Le centre d’expertise collective de l’INSERM a assuré la coordination de cette expertise collective avec le service du partenariat social (Département du partenariat économique et social) pour l’instruction du dossier et avec le service de documentation pour la recherche bibliographique (Département de l’information scientifique et communication). Les experts qui ont contribué à cette expertise :
Marie-Josèphe CHALLAMEL, centre d’exploration neurologique, centre hospitalier Lyon-Sud
René CLARISSE, laboratoire de psychologie expérimentale, université de Tours
Francis LÉVI, laboratoire des rythmes biologiques et chronothérapeutiques, hôpital Paul-Brousse, Villejuif
Bernard LAUMON, unité mixte de recherche épidémiologique transport travail environnement, INRETS, université Claude-Bernard, Lyon 1
François TESTU, laboratoire de psychologie expérimentale, université de Tours
Yvan TOUITOU, laboratoire de biochimie médicale et de biologie moléculaire, UPRES mécanismes et physiopathologie des rythmes circadiens, faculté Pitié-Salpétrière, Paris
- Les temps, les rythmes et la sécurité affective de l’enfant, fondements obligés de l’aménagement du temps scolaire - Par Hubert Montagner, Docteur ès-Sciences (Psychophysiologie), Professeur des Universités, ancien Directeur de Recherche à l’INSERM.
- N. Delvolvé, professeur de neuropsychologie spécialiste de l’UPS sur la question, conférence organisée par les parents d’élèves de l’Union en plus de connaissances produites sur son blog : http://reussite-pour-tous.over-blog.fr/categorie-12523464.html et de son ouvrage Delvolvé N. (2010) Stop à l’échec scolaire. L’ergonomie au secours des élèves, Ed. De Boeck, Bruxelles
- Touitou et Bégué, « Aménagement du temps scolaire et santé de l’enfant », Bull. Acad. Natle Méd, 2010, Tome 194, No 1, pp. 107-122.
- Travaux des départements STAPS de l’Université Paul Sabatier et de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour
- Le Camus Jean. Attachement et Détachement. In: Enfance. Tome 46 n°2, 1993. pp. 201-211.
- site de l’Académie de Limoges : Adapter les emplois du temps de telle sorte que l’attention et l’intérêt des élèves soient mieux mobilisés - http://www.ac-limoges.fr/ia87/IMG/pdf/a_projeter.pdf
- site de l’Académie de Montpellier : Adapter les rythmes scolaires pour optimiser l’attention et la concentration des élèves,           
http://www.crdp-montpellier.fr/ressources/memoires/memoires/2006/a/0/06a0029/06a0029.pdf

Les données scientifiques dont nous rendons compte ci-dessous résultent de travaux qui s’appuient en partie sur des mesures de paramètres biologiques, chimiques, le recours à l’imagerie médicale etc… ainsi que des études en ergonomie et psychologie fondées sur des tests réalisés auprès d’élèves et sur des méthodes de SHS telles que des entretiens qualitatifs, de l’observation directe et participante, ou encore sur la mise en œuvre d’une analyse systémique interdisciplinaire. Au regard de l’ensemble de la revue de littérature effectuée nous proposons ici un argumentaire pour expliquer le choix de l’organisation de la semaine scolaire que nous proposons.

Point de départ : un paradoxe
Les deux premiers conseils d’école où la question des rythmes a été évoquée confirment le paradoxe observé par les chercheurs. A propos des enfants on entend effectivement de façon récurrente :
« L’après-midi on ne peut pas les tenir »
Cette remarque fondée sur des observations de terrain devrait nous pousser à nous interroger puisque les chercheurs ont clairement démontré que :
« le moment le plus favorable pour l’apprentissage se situe entre 16h et 17h … »
« Mais alors qu’est-ce qu’on leur fait subir/vivre depuis le lever pour qu’arriver au moment où leur cerveau serait le plus disponible… ils soient dans cet état ? » - N. Delvolvé

Nous avons tous l’ambition qu’un maximum des enfants parvienne à avoir un parcours scolaire en harmonie avec leurs capacités… Dès lors il faut comprendre quels sont les besoins fondamentaux de l’élève / enfant et à partir de là, faire des compromis… mais en gardant l’enfant au cœur de nos préoccupations.
L’argumentaire présenté est organisé autour de la question des besoins de l’enfant (question inspirée des théories de Maslow 1940, Bowlby 1958 – cf. Le Camus) :
-         besoins alimentaires
-         besoins de sommeil
-    besoins biologiques : rythmes cérébraux – différents types de mémoires actives en fonction des moments de la journée
-         besoins de sécurité … besoins affectifs : être en confiance, comprendre le sens de l’école, outils pour apprendre à apprendre

I. Le cerveau, un organisme vivant soumis à des rythmes

Petit rappel sur les rythmes, tout notre organisme est ryhtmé en fonction de notre température interne, de nos cycles hormonaux etc… ce qui conditionne directement nos capacités neuro-sensorielles soit nos capacités d’apprentissage et de gestion de nos émotions.
Nous avons des moments plus favorables que d’autres … pour travailler, apprendre… mais aussi nous reposer, nous ressourcer suivant des rythmes plus ou moins longs :
- au cours de la journée (circadien et ultradien)
- au cours de l’année – le moins favorable : de décembre à février (infradien)
- au cours du mois : chez les hommes et les femmes ! (infradien)

Joffroy S, STAPS UPS - http://www.f2smhstaps.ups-tlse.fr/tp/fichier/Information/Rythmes.pdf

Exemple :
Joffroy S., STAPS UPS, http://www.f2smhstaps.ups-tlse.fr/tp/fichier/Information/Rythmes.pdf
 
Notre rythme circadien est aussi synchronisé par : jour/nuit, heures de lever/coucher fixes, heures de repas régulières, ryhtmes sociaux (travail/école etc…)
Moment où la t° du corps est la moins élevée : 2/3h du matin – cœur du sommeil
Moment où la t° du corps est la plus élevée : 16h-17h : bon moment pour apprendre
Pour assurer un bon équilibre il faut connaître et respecter un maximum ces ryhtmes.
Variabilité circadienne de l’enfant (bleu) – et chez l’adulte (noir)
N. Delvolvé, 2012, http://fr.amiando.com/eventResources/B/S/ywHVYwh8sVqjXV/intervention_Nicole_Delvolve.pdf
 Pour que les enfants puissent être disponibles et en phase avec les ryhtmes neuro-cérébraux – gage d’une capacité d’apprentissage accrue – il faut :
-         qu’ils mangent suffisamment et de manière équilibrée
-         qu’ils dorment – minimum 10h par nuit en maternelle + une sieste… 6h à 8h pour les adultes (gros dormeurs 10h)
-         qu’ils soient calmes avant d’entrer en classe – attention aux temps de récréation veiller à toujours favoriser un temps de relaxation, retour au calme avant le retour aux activités poédagogiques
-         que tout cela ait du sens pour eux – qu’ils comprennent pourquoi ils dorment, mangent, doivent être calmes et aussi pourquoi ils apprennent

Rythme hebdomadaire :
Le lundi est une journée plus difficile en raison du déphasage du à un long WE (2jours). Plus le WE est court (1 jour et demi) moins le déphasage est important.
Le mardi et jeudi, sont dans l’ensemble des jours comparables, marqués par de bons résultats et un comportement équilibré. Il peut y avoir des réserves pour certains sur le jeudi, suite aux activités pouvant avoir lieu le mercredi.
Le vendredi, les résultats sont très variables selon les enfants car, situé en fin de semaine, ils accumulent la fatigue des jours précédents, ce qui peut retentir sur les capacités des plus vulnérables. En général, on peut considérer que c’est un bon jour pour les enfants qui réalisent (les plus grands) de meilleurs résultats aux tests, alors qu’il peut être difficile pour les plus petits.
Le choix du mercredi pénalise donc les enfants les plus vulnérables – les plus petits et ceux qui disposent de moins de sécurité cognitive. Le samedi serait le meilleur choix pour positionner une demi-journée supplémentaire. Voir graphiques ci-dessous – source : rapport INSERM.

Rapport d'expertise collective INSERM - consultable ici : http://www.ipubli.inserm.fr/handle/10608/44

II. les besoins biologiques pour favoriser le fonctionnement du cerveau

II.1 La nourriture

Nécessaire alimentation équilibrée. Ne pas « sauter » le petit-déjeuner… indispensable.
La collation de milieu de matinée est donc parfois nécessaire pour que les petits enfants soient disponibles pour les activités – attentifs – surtout s’ils n’ont pas pris de petit-déjeuner où s’il a été très frugal – manque de sucres lents notamment.
L’heure du réveil social n’est souvent pas en phase avec le réveil biologique, conséquence : les enfants n’ont pas forcément très faim au réveil – les hormones nécessaires ne sont pas encore sécrétées par l’organisme. Or si l’on ne mange pas, on ne peut pas se concentrer lorsque le moment propice sera venu.
-         les matinaux : vont parvenir à prendre un petit déjeuner
-         les lèves-tard : n’auront pas faim … et auront sans doute besoin d’un gouter en milieu de matinée
Les temps de repas : sont des moments calmes où l’on prend son temps (temps long entre matin et après-midi)

II.2 Le sommeil, équilibre de l’éveil

Le sommeil est fondamental pour le bon équilibre physiologique et psychique chez l’adulte et chez l’enfant. Le sommeil est une condition indispensable à la concentration ! L’agitation d’un élève est très souvent le signe d’un manque de sommeil.
Il faut donc être très vigilant au manque de sommeil et au respect de règles fondamentales comme des heures régulières pour le coucher et le lever de l’enfant. Donc … le mardi soir le vendredi ou samedi pas de changements théoriquement…


Le retard à l’endormissement n’est pas un signe que l’enfant n’a pas besoin de sommeil AU CONTRAIRE … c’est le signe d’un manque de sommeil.
Poser des règles / heures de coucher et lever : suppose de gérer l’usage des écrans … de toutes tailles.
Pour que cela ait du sens : il faudrait expliquer aux enfants/élèves à la maison et en classe qu’ils ont besoin de sommeil etc…. Ces explications donnent du sens et contribue à les responsabiliser.
Il faudrait aussi veiller à leur donner la possibilité de se reposer lorsqu’ils sentent qu’ils en ont besoin : dans certaines classes ont trouve par exemple un matelas à disposition de l’enfant fatigué qui peut aussi servir au coin lecture.

II.3 Optimiser le recours aux mémoires

Les études[1] sur les différents types de « mémoires » ou « intelligences » ont démontré depuis les travaux de Folkard et d’Howard Gardner que :
-         le matin :
Les mémoires des automatismes sont plus effiscientes le matin. Les enfants sont plus aptes à intégrer des activités qui mobilisent des automatismes donc ce qui a dejà été étudié, vu. Mémoire de travail.

-         l’après-midi :
Les mémoires conceptuelles, déclaratives ou encore qualifiées d’explicites sont plus efficientes l’après midi au delà de 15h et jusqu’à 20h que le matin - Les enfants sont plus aptes à intégrer des activités sur de nouvelles choses, de nouveaux concepts car la mémoire la plus disponible est celle du sens, de la compréhension, de l’exploration. Mémoire logico-conceptuelle.
N. Delvolvé, 2012, op. cit.

III. Les besoins de securité, besoins affectifs – dimension cognitive

III.1 La confiance en soi

Dans tout contexte, les enfants ont besoin pour être disponibles et en mesure d’apprendre d’être rassurés, en confiance – besoin de sécurité. Ils ont besoin de se sentir digne d’intérêt pour avoir confiance en eux et mieux gérer leurs émotions[2].
Les émotions principales à gérer :
-         la peur
-         la colère
-         la tristesse
-         la joie, l’enthousiasme
Ces émotions agissent sur le cerveau :
Les 3 premières inhibent la capacité d’apprentissage, l’enfant est bloqué
Les dernières favorisent la capacité d’apprentissage.
« Cette “paix intérieure” facilite tous les processus indispensables pour comprendre et apprendre, y compris la mémorisation » Montagner H, « Mémoire, attention et rythmes scolaires », Cahiers pédagogiques, n° 474, en ligne : http://www.cahiers-pedagogiques.com/Memoire-attention-et-rythmes

Les enfants ne doivent pas se sentir en échec pour apprendre. En ce qui concerne l’étiquetage APE, APC : veiller à ce que cela ne leur inculque pas l’idée qu’ils sont mauvais, moins bons … en échec : TOUS NE SONT PAS RESILIENTS (Cyrulnik).
Les notes sont considérées comme contre-productives de ce point de vue là, l’évaluation en termes de compétences est un moindre mal…

La Confiance en soi est aussi une des conditions qui favorisent la réussite scolaire.

III.2 Le sens de l’école

III.2.1 « Quand on a pas compris ce qu’on apprend on apprend pas » N. Delvolvé

Dans le domaine du comportement, les théories de la pratique reposent sur le principe que toute personne a toujours de bonnes raisons d’agir comme elle le fait[3]. De fait pour que l’enfant change de comportement, il faut qu’il ait de bonnes raisons de le faire. Ces bonnes raisons, ce sont en partie à partir de ses observations mais aussi des explications des adultes qui les lui fournissent.
Nous devons donner du sens à ce qu’ils font et apprennent à l’école. Ce sont des principes fondamentaux pour la construction de l’autonomie des enfants - toutes les activités y compris celles qui relèvent de la régulation doivent avoir du SENS… sans quoi ils croient qu’il s’agit de règles imposées par les adultes mais sans raisons. Il faut qu’ils sachent pourquoi ils s’y conforment, ce qui favorise leur responsabilisation qui accroit leur capacité d’autonomie.
« L’enfant a besoin de comprendre ce qu’il est en train de faire et pourquoi il le fait. De savoir où l’enseignant l’emmène-t-il aujourd’hui? » N. Delvolvé

III.2.2 L’importance de l’imaginaire

L’école suivant notre modèle latin, c’est la transmission des connaissances mais elle ne doit pas négliger les temps sans activités dirigées qui contribuent à la construction de l’imaginaire.
En effet, pour Paul L. Harris, professeur à l’Université de Harvard, l'imagination ne domine pas la pensée de l'enfant, mais émerge progressivement et lui permet de s'adapter au monde[4].
Ces temps « libres » sont donc très importants pour l’équilibre psychique. Ce sont notamment les temps de « récréation » ou « pause méridienne »[5].
« On comprend alors qu’avant d’avoir un rôle pédagogique, la récréation soit perçue comme devant reconstituer la force de travail et l’attention mobilisée en classe. »[6]
Les enfants doivent pouvoir y faire ce qu’ils ont envie. L’adulte est là pour assurer le « besoin de sécurité ». Pendant ces temps, il faudrait qu’ils puissent avoir le choix entre des lieux d’activités extérieurs et intérieurs. La possibilité d’avoir accès à des salles permet aux enfants de « se poser » alors que la cour de récréation favorise généralement le défoulement/l’excitation/agitation. Avant tout retour aux activités pédagogiques ou dirigées les enfants doivent passer par un « temps calme ».

Conclusions de nos lectures…

Pour un enfant de 2 ans et demi cela se traduit ainsi pour une journée :
-         besoin de dormir au minimum 10 heures dans la nuit (5h avant 2h/3h du matin et 5h après) pour favoriser : le sommeil réparateur du début de nuit et le sommeil de consolidation ensuite
-         8h réveil social (souvent plus tôt que cela)
-         10h-11h30 éveil cérébral le plus important de la matinée
-         4h après le réveil biologique une sieste s’impose
Cette sieste en milieu de journée est une donnée cérébrale mais le besoin est accentué par le coût énergétique de la digestion : une phase de repos s’impose entre 13h et 15h (en fonction de l’éveil biologique de l’enfant du matin), elle est nécessaire de la petite section au CM2.
-         15h, réveil qui ne doit pas être suivi d’une récréation – facteur d’excitation – mais d’un retour / accueil échelonné vers les ateliers en classe.
-         15h30 à 17h – éveil cérébral maximum - le plus important de la journée
Après cette journée l’enfant doit se reposer, besoin de temps calme même en structure type CLAE, CLSH et au retour à la maison. Bien que la température corporelle soit élevée et donc favorable aux activités physiques (Montagner, surtout applicable au collège et lycée), il convient de s’adapter à l’âge et au niveau de fatigue de l’enfant en école maternelle et primaire. Dans ce cas, éviter les activités sportives qui mobilisent de l’énergie physique et intellectuelle… ne pas surcharger l’EDT des enfants (musique, sports etc…). Favoriser la construction de leur imaginaire : les laisser aussi faire ce qu’ils ont envie de faire (Delvolvé, Testu, Touitou, etc…).
Les devoirs peuvent exister mais ils :
-         doivent contribuer à consolider la mémoire de choses déjà vues en classe
-         ne devraient pas porter sur des connaissances nouvelles

La régularité… favorise l’harmonie entre le rythme biologique et le rythme social :
UNE CONSEQUENCE MAJEURE : le WE trop long – 2 jours – est moins favorable.
Il vaut mieux que les enfants aillent à l’école le samedi que le mercredi… Le mercredi est en revanche favorable à la récupération… pendant une semaine de 4,5 jours.

Comment concilier des choses difficiles à concilier … (ryhtmes biologiques / impératifs structurels / intérêts des différents acteurs) ?
Nécessaire travail entre équipe pédagogique et équipe d’animateurs des temps périscolaires
Plusieurs pistes :
  1. la question du sommeil
  2. la question du lever social antérieur au lever biologique
  3. la question de l’alimentation
  4. la question de l’adaptation des activités pédagogiques aux cycles biologiques
  5. la question des temps péri-scolaires dont les temps de récréation avec possibilités intérieures et extérieures etc…

Que faire des exemples étrangers souvent cités comme le modèle allemand ou Quebecois ?
Majoritairement classe le matin ce qui pose des problèmes puisque les capacités logico-conceptuelles de l’après-midi ne sont pas exploitées. De plus, en Allemagne ce système contraint les femmes à arrêter leurs activités professionnelles, ce qui n’est pas envisageable à l’aube du XXIème siècle. En outre, leurs résultats scolaires sont aussi insatisfaisants.

Il est nécessaire de prendre en compte l'histoire et les cultures propres à chaque pays, les différences de langues[7] etc… qui expliquent les différents modèles scolaires … Ex au Quebec les enfants terminent plus tôt mais ils dînent à 18h/ 18h30 et sont au lit à 19h. En Allemagne les historiens soulignent la cohérence du modèle scolaire avec la mémoire collective suite à la guerre 39-45 : on ne souhaitait pas que les enfants passent trop de temps en crèche ou à l'école en raison des craintes de diffusion d'idéologie comme ce fut le cas pendant la période nazie - propagande à l'école. Ce qui permet en partie de comprendre le choix de réduire le temps scolaire (école le matin). Pourtant aujourd'hui une des limites du modèle est que les mouvement d'extrême droite nazis reviennent via les associations sportives qui prennent en charge les enfants l'après-midi! (voir série d'émission des 15, 16 et 17 avril 2013 "Sur les Docks" de France Culture : http://www.franceculture.fr/emission-sur-les-docks). Ainsi les spécialistes soulignent que le modèle allemand est en question actuellement.

La réforme évoque ces exemples pour justifier la ½ journée supplémentaire. La réforme des rythmes scolaires vise à mieux répartir les heures de classe sur la semaine, à alléger la journée de classe et à programmer les enseignements à des moments où la faculté de concentration des élèves est la plus grande. MAIS il ne s’agit pas de mettre en pratique le modèle allemand par exemple en supprimant la classe au moment où la faculté de concentration des élèves est la plus grande, soit l’après-midi.

Les experts conseillent de « tenir compte de la rythmicité de la vigilance pour organiser la journée scolaire. Ainsi serait-il préférable de réserver les créneaux horaires définis comme étant les plus favorables, à des apprentissages nouveaux nécessitant de l'attention, et, à l'inverse, d'occuper les moments moins favorables à des activités d'entretien des connaissances ou à caractère plus ludique. » Testu et al., Expertise collective INSERM

Les questions soulevées :
- doit-on confier l'éducation de nos enfants à des animateurs ?
- ne serait-ce pas nier les compétences spécifiques des enseignants ?

2 points intéressants de la réforme à mettre en œuvre :
Les futures APC devraient permettre de décloisonner autour de projet commun entre élèves d’âges différents – pas uniquement des élèves identifiés comme en difficulté, puisqu’il s’agit de mettre en œuvre des méthodes pédagogiques différentes, alternatives pour favoriser l’acquisition de compétences – élaborer un journal de l’école, organiser une expo de dessins, un spectacle (théatre, chorale...), inviter un/des auteurs de littérature jeunesse, construire une maquette de l’école, faire de l’aménagement paysager etc…
La prise en compte des rythmes doit permettre de repositionner les apprentissages en fonction des pics d’attention maximale + des types de mémoires associés.

SUITE à cette revue de littérature et à la conférence organisée avec N. Delvolvé qui a réuni enseignants (maternelle, primaire, collège, lycée, université), parents, élus… nous pourrions conclure que la solution 5bis est sans doute la solution la plus favorable. Les enfants terminent et utilisent dans le cadre de l’APC le pic maximum d’attention. On s’interroge sur l’intérêt de préserver la plage de l’après midi pour TOUS, consacrée à l’acquisition de nouveaux concepts afin que l’ensemble des enfants puissent être mobilisés sur le créneau le plus favorable de la journée.
Compte-tenu des critères suivants :
  1. La FEDERTEEP signale que les horaires actuels peuvent être maintenus mais réclame un service de cantine le mercredi midi.
  2. L’académie autorise des demandes de dérogations argumentées dans le sens de la prise en compte des rythmes de l’enfant.
  3. La semaine de 4,5 jours contribue à la réduction du temps de sommeil de l’enfant, donc conserver l’heure d’entrée en classe actuelle à 9h semble une bonne façon d’atténuer cet effet. De plus, le réveil biologique des enfants ne leur permet pas d’être disponible – tout du moins leurs capacités cérébrales – avant 9h30/10h
  4. Le pic d’attention de la matinée 10h-11h/11h30 est favorable à l’acquisition et à la consolidation des acquis – mémoire de travail (Gardner)
  5. Le temps méridien n’est pas favorable aux apprentissages, il l’est en revanche aux activités calmes, au repos et ressourcement pour que les enfants/élèves soient disponibles à partir de 14h30/15h (dépend de l’heure du réveil biologique).
  6. Le pic d’attention maximale de la journée se situe entre 15h30 et 17h donc il faudrait mettre à profit cette plage horaire pour les apprentissages logico-conceptuels.


Les temps périscolaires - temps d’accueil, récréation, la plage de deux heures entre midi et deux - pourraient être organisés en collaboration avec les enseignants et les parents-d’élèves voir avec une ergonome, chronobiologiste afin d’ajuster au mieux les activités en fonction des besoins de l’enfant.

Nous laissons la conclusion aux spécialistes …
« Temps scolaire et rythmes scolaires sont deux réalités distinctes : le temps scolaire est une variable externe régie par l’institution (emplois du temps, calendrier, …) alors que le rythme endogène de l'enfant est une variable interne qui lui est propre. L'objectif, pour le bien de l'enfant, est d'harmoniser ces deux notions c'est-à-dire d'organiser le temps scolaire en fonction des rythmes biologiques et psychophysiologiques naturels de l'enfant.
L'aménagement du temps scolaire prend en compte de nombreux facteurs sociaux, économiques, politiques, pédagogiques. Cette réflexion nécessite donc l'avis de partenaires très différents dont les objectifs peuvent être opposés : parents, enseignants, chercheurs, industrie du tourisme. Il faut souligner également le rôle non négligeable des habitudes sociétales actuelles dans les prises de position des uns et des autres : les loisirs, les week-ends, le temps libre. Il apparaît ainsi que l’enfant n’est pas au centre de la réflexion » Touitou, Degué, 2010, Académie de médecine
Nous esperons qu’à Rabastens nous mettrons l’ensemble des enfants au centre de la réflexion…


[1] Folkard S. et Monk T.H., (1985). Hours of work, temporal factors in work-scheduling. Ed Willey, Chichester.
Gardner, H. (2008), Les intelligences multiples, Ed. O.Jacob
GHIGLIONE R., RICHARD J.F.Cours de psychologie. Paris, Dunod CNED, 1992
Article "Intelligence" de l'Encyclopédia Universalis par Jean-François RICHARD, Professeur de Psychologie à Paris VIII
Edward E. Smith : working memory in The MIT Encyclopedia of the cognitive sciences
Denhière G., 1975, “Mémoire sémantique, conceptuelle ou lexicale ?”, Language, V. 9, n°40, pp. 41-73.
[2] Damasio A.R. (1995) L’erreur de Descartes : la raison des émotions, Ed. O.Jacob
[3] Guy Bajoit, « Grand résumé de Socio-analyse des raisons d’agir. Études sur la liberté du sujet et de l’acteur, Québec, Presses de l’Université Laval, 2010 », SociologieS [En ligne], Grands résumés, Socio-analyse des raisons d’agir, mis en ligne le 20 décembre 2010, consulté le 07 avril 2013. URL : http://sociologies.revues.org/3227
[4] L’enfant, Sciences humaines, Hors-série N° 45 - Juin-Juillet-Août 2004
P. Harris, 2000, The Work of the Imagination, Blackwell Publishing, ou en français, citons : « Penser à ce qui aurait pu arriver si... », Enfance, n° 54, 2002 ; « Les dieux, les ancêtres et les enfants », Terrain, n° 40, 2003
[5] L’enfant et le jeu. Approches théoriques et applications pédagogiques, Etudes et documents d’éducation, n° 34, UNESCO : http://unesdoc.unesco.org/images/0013/001340/134046fo.pdf
[6] Julie Delalande, 2001, La cour de récréation, Presses Universitaires de Rennes
[7] Il a été démontré que la langue joue dans les capacités à intégrer des connaissances logico-conceptuelles (différence entre l’anglais et le français particulièrement soulignée) – Zago L., Le cerveau en action, CEA/CNRS.

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