BLOT Frédérique
MOSNIER Laure
Déléguées des parents
d'élèves
Membres de la Liste
d’union des parents d’élèves de l’école Las Peyras
union.pe.laspeyras@gmail.com
au référent départemental de la
réforme des rythmes scolaires
Monsieur Dominique Haim
Direction des services
départementaux de l'éducation nationale du Tarn
3 rue Général
Giraud
81013 Albi Cedex 09
Objet :
inquiétude sur la traduction de la réforme des rythmes scolaires à l’école Las Peyras
(Rabastens- 81)
Le 18 avril
2013
Monsieur,
Début
avril, nous vous avions contacté pour obtenir des précisions sur la
réforme des rythmes scolaires. Lors de cet entretien téléphonique,
vous nous aviez confirmé qu’il s’agissait de réorganiser les
temps d’enseignement en fonction des rythmes de l’enfant. C’est
aussi ce que nous avions compris de l’esprit de la réforme et de
la lecture de l’ouvrage de M. Vincent Peillon.
Nous
partageons le diagnostic de M. le Ministre : « Le temps
scolaire a toujours, ou presque, été organisé en fonction de
considérations totalement étrangères aux intérêts des élèves :
les heures d’embauche, les week-ends des parents, le temps de
travail des enseignants, les contraintes des collectivités, les
réclamations de l’industrie du tourisme, etc. » (p.
69-70).
Nous
partageons aussi les objectifs de la réforme que nous estimons
progressiste : « Permettre de mieux répartir les
heures d’enseignement pour permettre de bons apprentissages. »
(p. 71). M. Peillon faisant état des travaux de l’Académie de
médecine en la matière.
C'est
pourquoi nous sommes déconcertées par la traduction de la réforme
décidée à Rabastens, sous l'impulsion des enseignants et de la
Municipalité, ainsi que du manque de considération de la parole des
parents délégués, malgré quatre réunions de travail auxquelles
nous avons participé, alors que la concertation de toutes les
parties est l'un des principes avancé par M. Peillon. De plus nous
souhaitons attirer votre attention sur le fait que nous avons été
« mal informées » par la mairie et la direction de
l'école. Par exemple, il nous a été spécifié que l'école devait
obligatoirement commencer à 8h45 et terminer à 16h30 en raison des
contraintes imposées par la FEDERTEEP, ce qui s'est avéré faux
après vérification de notre part. Ils nous ont aussi affirmer que
le mercredi était défini au niveau départemental et que ce n'était
pas négociable, or nous avons appris que la mairie de Gaillac
avait diffusé une information différente : il était possible de
demander une dérogation pour que la demi-journée supplémentaire
soit celle du samedi conformément aux recommandations des
chronobiologistes. Etc.
Depuis le
15/04/2013, date à laquelle la Municipalité a annoncé sa volonté
de mettre en place la réforme pour la rentrée 2013, notre groupe de
parents délégués a mené un travail de réflexion sur les rythmes
de l’enfant en contexte scolaire : en effectuant une recherche
documentaire minutieuse, en assistant à une conférence sur le
sujet, en échangeant avec M.
Nicole Delvolvé (enseignante-chercheure), en recueillant l'avis des
parents à travers un questionnaire co-rédigé avec les délégués
FCPE, en échangeant avec la Directrice et les enseignants de l'école
Las Peyras, la Municipalité de Rabastens, le Rectorat, la FEDERTEEP
(transports scolaires)...
De
cette implication, nous avons tirés des convictions et produit un
document argumentatif (disponible sur notre blog
www.up-laspeyras.blogspot.fr, page consacrée aux rythmes
scolaires) que nous avons soumis à l'occasion des quatre réunions
tripartites (école, mairie, parents délégués) qui se sont
enchaînées très rapidement du 15/03 au 14/04/2013.
Parmi les
options d'application de la réforme en présence, nous avons proposé
celle d’une réorganisation tenant compte du travail des experts
(médecins, chercheurs, ergonomes, pédopsychiatres, psychologues,
pédagogues). Or, ces arguments scientifiques ont été balayés d’un
revers de main : « les chercheurs ne connaissent pas le
quotidien des écoles, les praticiens, eux savent » nous a-t-on
répondu en substance.
Pourtant,
si notre diagnostic diffère de celui des enseignant et de la mairie,
il est identique à celui de M. le Ministre : « L’irrationalité
est cause et conséquence de notre déclin scolaire. On s’en remet
trop au jugement de la subjectivité, l’expérience personnelle aux
histoires singulières qui tiennent souvent lieu de raisonnement. On
confond réflexion et réflexe, général et particulier, vrai et
faux, opinion et savoir, réalité et fantasme.» (p. 13).
A l'issu
d'un vote (27 voix pour, 11 contre, 1 abstention, 1 refus de vote),
la solution choisie nous semble contraire aux recommandations
scientifiques ainsi qu'aux contraintes clairement exprimées par les
parents.
Ce qui a été voté (cf.
tableau ci-joint) :
- entrée à 8h45
- temps méridien réduit
et différé entre les cycles (11h45/13h15 pour C1 et C2, 12h/13h30
pour C3)
- fin de l'enseignement à
15h30
- APC de 15h30 à 16h30,
pour les élèves en difficulté
Ce que nous proposons :
- entrée à 9h, afin
d'amortir la perte de sommeil liée au passage à une semaine de 5
jours
- temps méridien de 12h à
14h, pour tous
- fin de l'enseignement à
16h15
- APC de 16h15 à 17h
(avec dérogation)
Ce que nous
prenons en considération :
- le sommeil
des enfants
- le réveil
biologique, qui ne leur permet pas une disponibilité cérébrale
optimale avant 9h30/10h
- le pic
d’attention de la matinée (10h/11h30), favorable à l’acquisition
et à la consolidation des acquis – mémoire de travail (Gardner)
- un temps
méridien favorisant les activités calmes et le repos, pour une
acuité des enfants présente dès 14h30/15h
- le pic
d’attention maximale de la journée, situé entre 15h30 et 17h,
privilégiant les apprentissages logico-conceptuels
L'option
soutenue par la municipalité et les enseignants renforce le manque
de sommeil (besoin fondamental de l’enfant pour l’apprentissage),
achève la journée d'enseignement au moment où l'acuité est la
plus vive et confie les enfants au CLAE dès 15h30. Du fait des
horaires professionnels des parents, la majorité y restera jusqu'à
17h, les autres jusqu'à 18h30 (soit 3h de CLAE).
Depuis,
chaque jour nous sommes interpellées par des parents inquiets,
abasourdis. Pour ceux qui ont écouté le discours du Ministre ou se
sont penchés sur la littérature scientifique, ils ne comprennent
pas que l’on puisse faire le choix de renoncer à la plage horaire
la plus favorable aux apprentissages scolaires. De plus, ils ne
comprennent pas que l’on ne tienne absolument pas compte des
résultats du questionnaire (précisant qu’ils préféraient que
l’école commence à 9h et que les enfants terminent la classe
après 16h30).
Les parents
qui pouvaient faire déjeuner leurs enfants à domicile n'auront plus
le temps de le faire (ou dans la précipitation), la durée de la
pause méridienne se contractant à 1h30 voire 1h15 selon certains
cas de figures (fratries en cycles différents). On peut alors
s'attendre à des inscriptions supplémentaires en cantine, venant
grossir les rangs d'un restaurant scolaire déjà surchargé et
soumis à une forte pression organisationnelle.
En outre,
les recherches soulignent l'importance d'une réelle coupure durant
l'entre midi-et-deux, consacré au calme et au ressourcement. Pour
une bonne reprise de la classe, il est nécessaire de proposer à
l'enfant un lieu alternatif à la cour de récréation, où il puisse
se poser et se reposer.
Selon nous,
la mise en œuvre d’un programme se terminant à 15h30 risque
d’augmenter les inégalités sociales et l’échec scolaire. Le
CLAE n'ayant pas les moyens d'offrir de réelles activités
pédagogiques, une fois encore, les familles les plus aisées et les
plus disponibles pourront orienter leurs enfants vers des activités
payantes.
Enfin, le
mécontentement des parents risque aussi de provoquer une fuite des
enfants des classes sociales les plus favorisées vers le privé
(école Puységur, à Rabastens) et les pédagogies alternatives. Or,
comme le rappelle Vincent Peillon : «La mixité sociale à
l’école est une des clés de la réduction des inégalités »
(p. 38).
C’est
pour toutes ces raisons que nous nous permettons d’exprimer, par la
présente, notre désaccord et nos inquiétudes auprès de vous, au
regard de l’interprétation, de la traduction ainsi que des
conséquences de la mise en œuvre de la réforme sur les rythmes
scolaires à l’école Las Peyras de Rabastens.
Demeurant à
votre entière disposition, nous vous prions de recevoir, Monsieur,
nos respectueuses salutations.
F. BLOT A.
PAGES L.MOSNIER Maud Cissoko
Parents délégués de l'école Las Peyras
Notre
solution - rejetée